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Saturday, November 20

Greg Goes Postal in Phuket Town (Episode One)

This is the first of Greg's Postal Adventures in Phuket Town : THE YOGURT MACHINE! Je reçois une lettre à l'école en thaï avec pour seuls caractères intelligibles, "yoghurt machine 998 baht customs duty". Un vrai chiffre de super marché. Je fais lire la lettre aux profs thaïs pour avoir plus d'information mais comme ils n'ont pas vecu 26 ans avec Jean-Pierre Glachant, l'idée de se préparer à aller à la poste ne traverse pas la barrière culturelle et je ne fais pas les choses suivantes: - rechercher sur internet les horaires d'ouvertures, les jours de fermeture, l'adresse et le plan d'accès de la poste (même si on y a déjà été, une poste peut se déplacer sans crier gare, un gare aussi d'ailleurs). - appeler mes amis pour savoir si d'autres sont déjà allés à la poste, ou connaissent des gens qui sont allés à la poste, ou ont un cousin dans la marine nationale (on sait jamais). - faire traduire les documents par un ami Thaï, lui faire appeler la poste pour vérifier que le colis y est bien, embarquer le Thaï avec soi pour faire interprète (si le Thaï refuse, réitérer l'ordre jusqu'à ce qu'il ait envie de coopérer spontanément puis s'extasier devant la gentillesse des gens). De tout ça, je ne fais rien. Zob. Zero. Et j'ai beau sentir qu'encore une fois, le non-respect du protocole JPG9002 va me coûter cher mais les Thaïs me mitraillent de questions alors je perds un peu le fil des choses. -Yoghurt machine? What is it? -It's a machine to make yoghurts. It's because you don't have plain yoghurts without sugar here. -Yes, we do. -But I looked all over and didn’t find any. -We have. -Where? -Everywhere. Lotus, Robinson. -I went there. -No problem, I bring to you. Furieux à l'idée de mettre fait offrir une yaourtière pour rien, je pars à la poste quand même. Je fais la queue et le type m'annonce, "Sorry, you must go opposite Marine Police at Sapan Hin." Marre toi pour trouver la Marine Police qui ne s’appelle pas du tout Marine Police en Thaï évidemment (donc inutile d'essayer de demander son chemin) et qui est une petite cabane de rien du tout. Je finis par trouver, et par conséquence, le bâtiment d'en face, le "Waste Management Office". Même si c'est précisément ce que j'attends ce cette yaourtière, je pense pas que ce soit là et commence à soupçonner qu'il fallait comprendre "Customs Office" par "Opposite Marine Police" car les douanes sont bien sur le trottoir d'en face quoique à une centaine de mètres. Il faut savoir que le "Customs Office" tout le monde sait où c'est, connaît le nom en Anglais, que le bâtiment fait dix fois la taille de celui de la Marine Police et se trouve juste avant l'Immigration Office que tout le monde connaît aussi. Alors pourquoi ne pas avoir dis "Customs Office" à la place de l'hermétique "Opposite Marine Police"? C'est très simple. La formule "Opposite Marine Police" rappelle à la fois le caractère marin de Phuket et un certain attachement à l'ordre tout en démontrant une parfaite maîtrise de l'Anglais et de la géographie de Phuket town. On la préféra donc à "Customs Office" qui évoque les tracasseries administratives et des frais de douanes arrondis à 1000 bahts près ou presque, bref des désagréments auxquels il est aimable de ne pas faire penser le client avant qu'il ne soit au pied du mur. Aux douanes, un gars disparaît un bon quart d'heure avec mon papier puis revient bredouille. Dix thaïs s'attroupent autour de lui et de mon papier puis une prend son courage et ses deux mots d'anglais à deux mains (soit un mot par main) pour me demander si je parle Thaï puis me balancer "post office". Je respire un coup. J'explique que j'en viens et ils repartent en conciliabule dix minutes. Le doyen du bureau prends alors le papier et se lance dans un tirade devant ses collègues qui ont un peu trop chaud en ce vendredi après-midi pour en avoir vraiment quoi que ce soit à foutre mais qui sourient quand même parce que le vieux, quand même, il est drôle et que de toute façon, en Thaïlande, dans le doute, comme dans le certitude d'ailleurs, il faut sourire. En plus, il brasse de l'air sans dégager trop de chaleur (trop vieux) donc sa contribution au rafraîchissement de la pièce est positive. La fille reste au téléphone pendant tout ce temps pour finalement délicatement ôter le papier des mains du vieux, avec pour effet de lui retirer complètement ses piles. Elle le tend au type qui avait cherché le colis pendant des plombes (le retour à l’envoyeur restera une thématique forte tout l’après-midi) et il me ramène à la poste dans son pick-up. En montant dans le pick-up je sens que mes chances de renégocier les tarifs douanier avec la Thaïlande ne sont pas des meilleures et que l'obtention du colis sera déjà une belle victoire. A la poste, mon attaché du Customs Office et moi-même explorons un étage dont je ne soupçonnais pas l'existence pour qu'un jeune homme cravaté (donc pas n'importe qui) nous ramène au rez-de-chaussée dans un couloir tout aussi bien protégé du public. Là un manutentionnaire (oui on est quatre maintenant) me demande ce que je suis allé emmerder tout ce monde alors qu'il suffisait de venir le voir. "Suis-je bête," me dis-je et, sentant mon moment, je me lance dans la négo du customs duty. "Ouvrez donc ce colis. Il n'y a qu'une yaourtière vieille de vingt ans dans une couleur orange qui ne se fait plus depuis deux ou trois putsch" (l'unité de temps local). Le type esquisse un sourire sadique. Engoncé dans ma veste de soie brodée au blason de Satree Phuket School, je me sens pourtant confiant. Je suis Ajarn, alors un peu de respect je vous prie. Mais je suis aussi fonctionnaire, comme lui. Il sait donc que le poids de son argument ne sera pas perdu comme sur un vulgaire touriste. "Ca se décide à Bangkok," lâche-t-il. Je titube, m'agrippe a mon petit papier, et je suis son doigt tendu vers le mec qui m'a envoyé "opposite Marine Office" il y a une heure et demi pour aller payer mes 998 baht good price for you my friend et avec le sourire s'il vous plait. Je tends donc le même papier, au même type, mais avec cette fois une aura toute différente. Mes ondes lui murmurent, "Cet homme est allé opposite Marine Office. Il a trouvé les douanes qui n'y étaient pas. Il y a vu des hommes et des femmes. Il leur a parlé. Un homme l’a ramené à la poste car il n'avait rien à foutre là bas. Il lui a fait visité la poste. Ils ont parlé à d'autres hommes. Puis, il est revenu à toi. Maintenant, il est prêt." Comment sent-il tout ça en moi ? Le métier et sûrement une bonne dose de talent. Il prend mon petit papier, le biffeton de mille, tamponne, et me rend deux bahts. Certains seraient furieux à ce point, pervertis par leurs valeurs occidentales d'efficacité toute puissante. Mais il faut voir le respect et la camaraderie dans le regard de cet homme: "Ce n'est qu'un blanc mais il a triomphé de la poste. Combien avant lui ont failli. C'est incroyable." Peut-être me gratifie-t-il même d'un hochement de tête. Je ne sais pas, j'ai les yeux humides. Je retourne à tâtons vers le couloir que seuls Ceux qui Sont Prêts connaissent et d'une armoire métallique on me tend un colis. Peut-être est-ce la soif, l'émotion, je ne me souviens plus très bien du chemin du retour. L'homme des douanes me déposent devant ma moto (comment sait-il que c'est la mienne?) et je rentre à l'école. Là, la prof thaï qui m'avait presque découragé d'entreprendre cette aventure avant même qu'elle ne commence est en train de manger un yaourt. Je n'ai jamais vu cette femme manger un yaourt en six mois dans cette école mais là, elle a bien senti que c'était la journée du yaourt. Elle me le tend, pas peu fier. Il est aux fruits, et forcement, sucré. -It's not plain, dis-je. -But plain have! -With sugar. -But without sugar, no good. -Ok but can you find without sugar in Phuket? -Yes, have. But I don't like without sugar. -Where? -Without sugar? Oh, I think very difficult. Ouais bon bref, en fait, y en a pas et comme à chaque fois que je parle à un thaï je me situe bêtement sur le plan d’une réalité vérifiable empiriquement (l'existence de yaourts sans sucre sur cette île) alors que eux sont sur le plan du ressenti. Il fallait donc comprendre : le yaourt nature c’est pas bon alors pourquoi tu nous prends la tête avec ça? En tout cas, heureusement que l'ordre de Bangkok était non négociable parce que j'avais pas compris que j'allais recevoir un yaourtière toute neuve et j'aurais eu l'air bien con s'ils avaient ouvert le colis! J'ai hâte d'être demain pour manger mes yaourts sans sucre, même si je m'empresse d'ajouter que je conçois que ce n'est pas au goût de tous. Après tout ça, auront-ils un petit goût amer ? Où mieux, aigrelet ! En tout cas, j’ai été gâté pour la St. Grégoire ! Bien joué le timing. Un gros bisous à tous. Copyright : Greg Glachant 2004

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